Écrit en réponse à l’échange suivant :
– Photographier, c’est apprendre à voir…
– Non, c’est appuyer sur le déclencheur.
Je trouve très amusante cette idée de réduire l’acte de photographier à une gymnastique de l’index. Malheureusement, je me dois de vous dire que cela ne fonctionne pas toujours. Je viens d’en faire l’expérience : j’ai appuyé sur le déclencheur d’un appareil photo numérique – mon fidèle JakoPix – tranquillement endormi dans son fourre-tout et, contre toute attente, je n’ai rien photographié.
À la réflexion, je me suis dit qu’il fallait peut-être extirper l’appareil du fourre-tout, ce qui reviendrait à dire que photographier, c’est sortir l’appareil du fourre-tout et appuyer sur le déclencheur. Ce que j’ai fait, sans plus de succès, hélas.
C’est alors que je me suis aperçu que l’appareil n’était point en ordre de marche. Photographier, ce serait donc sortir l’appareil du fourre- tout, le mettre en marche et appuyer sur le déclencheur ? Sitôt cogité, sitôt fait. Miracle ! j’ai obtenu une image. Mais c’était un rectangle noir, et je doute que l’on puisse décemment qualifier un rectangle noir de photographie.
Voilà où j’en suis de mon expérience, et vous pouvez constater que votre définition du verbe photographier s’est déjà quelque peu allongée. Mais je m’avise à l’instant que l’objectif de mon appareil est obturé par un cache ! Serait-ce la clé de l’énigme ?
Veuillez me pardonner, mais il faut que je vous quitte, afin de poursuivre mes recherches. Il me faudra sans doute du temps, mais je ne désespère point de démontrer que le regard a un rôle primordial à jouer dans l’acte de photographier, dût-il en coûter à l’ego de mon index qui, depuis qu’il vous a lu, s’est mis à enfler au point d’atteindre le diamètre d’une cheville.
Monsieur JACQUES