Quel est donc ce curieux appareil photo que l’on peut voir sur le site de Monsieur JACQUES ? Yakakwatik ! a enquêté pour vous sur cette pièce de musée…
En photographe passionné, Monsieur JACQUES possède une collection considérable d’appareils photo de toutes époques, allant de l’antique Era Box Zeiss Ikon au reflex numérique plein format dernier cri. Mais son appareil photo préféré reste celui que l’on peut admirer sur son site : un Memox 24x24 modèle 4 datant des années 1950.
Petit historique du Memox
Le tout premier Memox fut produit à la fin des années 1940 par la société SIAP, sur la base de la bobineuse de pellicule 35 mm Boby-Mag de sa fabrication. L’appareil, de finition plutôt sommaire, était équipé d’un obturateur Atos (réglable de 1/10 s à 1/150 s) et d’un objectif Boyer Saphir 35 mm F/3,5.
Dès 1951, la société Alsaphot commercialisa un Memox amélioré qu’elle déclina en deux versions : le 24x24 — produisant donc des photos carrées, à raison d’une cinquantaine de vues pour une pellicule 36 poses — et le 24x36. La publicité de l’époque présentait le Memox comme « le véritable chasseur d’images » et vantait ses « dimensions très réduites ».
À notre connaissance, il y eut quatre générations de Memox chez Alsaphot, les deux dernières semblant avoir coexisté à partir de 1954. Le Memox 3 était pourvu d’un obturateur Gitzo (1/25 s à 1/200 s) et d’un objectif Boyer Topaz 35 mm F/3,5, tandis que le Memox 4 montait en gamme avec, au choix, un obturateur Compur (1 s à 1/300 s) ou Synchro-Compur (1 s à 1/500 s), et renouait avec le bon vieux Saphir 35 mm F/3,5.
Parmi les signes distinctifs du Memox, on observe qu’il ne possède ni molette ni manivelle permettant de rembobiner la pellicule. Fidèle à sa vocation première de bobineuse, il a besoin d’une cartouche 35 mm vide dans laquelle la pellicule impressionnée viendra progressivement s’enrouler (une solution que l’on retrouvera, par exemple, sur les AGFA Iso-Rapid des années 1960). Avantage mis en avant par Alsaphot : ce système permettait de remplacer une pellicule en cours d’utilisation par une autre en ne perdant qu’une seule vue, et sans qu’il soit nécessaire de faire l’obscurité.
Les particularités du Memox de Monsieur JACQUES
Quand on regarde l’appareil de Monsieur JACQUES, on ne peut qu’être attiré par ses deux petits yeux ronds qui semblent nous scruter. L’accessoire — optionnel — monté sur la griffe est un télémètre à coïncidence d’image. Il sert à déterminer la mise au point, mais comme il n’est pas évidemment pas couplé à l’appareil, il faut reporter la distance prescrite par le télémètre sur la bague de mise au point de l’objectif. Avouons qu’il faut avoir de très bons yeux pour tirer parti de cet accessoire.
Autre singularité : le sigle d’Alsaphot (une cigogne portant un bout de pellicule), que l’on voit gravé en rouge sur le bouton d’enroulement de certains Memox 4, n’apparaît pas sur celui de Monsieur JACQUES. En vérité, la marque Alsaphot n’est mentionnée nulle part sur l’appareil. Voilà qui laisse à Monsieur JACQUES toute latitude pour affirmer qu’en fait, son Memox est un PhotoJak de fabrication océanosuisse. Et s’il le dit, n’est-ce pas, c’est sûrement vrai !
Quand on parle d’Alsaphot, on se doit d’évoquer le fameux Lucien Dodin, qui inventa notamment le télémètre à champ coupé qui porte son nom. Ne manquez pas les pages que son fils Jean-Daniel lui consacre sur son site.