À la demande de Monsieur Frédéric, distingué participant du non moins distingué forum fr.rec.photo, voici les principales règles orthotypographiques en vigueur dans la langue écrite marémongole.
Règle n°1
La phrase simple commence par une majuscule et se termine par un point. Jusque là, rien que de très classique. Les choses se compliquent cependant lorsque la phrase commence par un nom propre, exigeant lui-même la présence d’une majuscule. Dans ce cas, la majuscule est doublée, et pour faire bonne mesure, le point l’est aussi.
Règle n°2
Il existe une multitude de points d’exclamation différents, chacun étant censé revêtir une signification particulière. Ainsi, l’on n’utilisera pas le même signe pour exprimer la surprise ou pour figurer la colère. Je ne puis malheureusement point vous donner d’exemples visuels de ces différents caractères exclamatifs, mon pauvre clavier AZERTY étant bien incapable de les restituer. Toutefois, l’examen des « smileys » en usage sur Usenet devrait vous en donner une idée très approximative.
Règle n°3
Le point d’interrogation n’existe pas. Chacun sait que toute question posée à un Marémongol aboutit invariablement à la même et invariable réponse : « Parce que. » C’est la raison pour laquelle les seules personnes se hasardant à poser des questions en Mongolie Maritime sont les touristes, lesquels sont tenus de fournir leurs propres points d’interrogation.
Règle n°4
L’usage des guillemets est soumis à un protocole très strict. Pour les ouvrir, il faut impérativement faire une demande écrite aux autorités, lesquelles dépêcheront un agent assermenté, seul habilité à procéder à l’ouverture des guillemets marémongols. Il est de toute façon impossible d’ouvrir les guillemets marémongols sans une importante panoplie d’outils spécialisés, tant leur forme est complexe et leur système d’ouverture tarabiscoté. La fermeture exige la même procédure.
Règle n°5
Les points de suspension doivent obligatoirement donner une idée précise du temps que durera ladite suspension. Il est d’usage de compter un point par seconde de suspension. Par exemple, le passage suivant :
« Monsieur Jacques attendit Mimi… Une heure et demie plus tard, le lapin de Mimi n’était toujours point posé, et Monsieur Jacques commença à s’inquiéter. »
nécessiterait, en marémongol, la bagatelle de 5400 points de suspension. Il faut toutefois noter l’émergence d’une tendance plus exigeante encore dans l’intelligentsia zûrichoise, laquelle prétend imposer le comptage suspensif en dixièmes de secondes. À franchement parler, il semble difficile d’y voir autre chose qu’un snobisme littéraire qui ne saurait durer.
Règle n°6
En marémongol, un point est un point et une virgule est une virgule. Le point-virgule devrait donc toujours se présenter ainsi : « ., ». En fait, il ne se présente jamais, les Marémongols lui préférant la virgule-point qu’ils jugent plus esthétique.
Règle n°7
Toute personne qui contrevient aux règles ci-dessus énoncées se voit immédiatement élevée au grade d’écrivain avant-gardiste. Il est à noter que les Marémongols sont tous, sans exception aucune, des écrivains avant-gardistes.
Ce texte fut publié sur le site de Monsieur JACQUES.